Le football est un jeu de transition. La continuité contribue à la réversibilité des rôles et au passage rapide de la phase défensive à la phase offensive. Et c’est bien souvent à ce niveau que le rapport de force peut basculer favorablement. En cas de transition directe, l’objectif sera alors d’amener le plus rapidement possible le ballon dans la surface adverse. En profitant du déséquilibre momentané de l’équipe adverse, attaquer à la transition s’avère être un des meilleurs moyens de se créer des occasions franches de marquer. Dans cette analyse, nous prendrons l’exemple de différentes équipes qui privilégient un principe de jeu collectif à la récupération du ballon :  Attaquer la largeur à la transition.

Pour sa seconde année sous la responsabilité d’Hadi Hutter, l’AS Monaco réalise un excellent début de championnat. Les bonnes performances durant la période de préparation ont montré que l’équipe a su trouver, en ce début de saison, un certain équilibre tant dans sa capacité à attaquer avec une haute intensité que dans la solidité défensive affichée.

Un des points clés de leur performance réside dans la réalisation de leur transition. En effet, lors du match contre l’Olympique Lyonnais, l’As Monaco a montré toute son intelligence dans ce moment de jeu pour profiter au maximum du déséquilibre de l’adversaire.

Cependant, qu’est ce qui fait que les transitions de Monaco sont si particulières ?

En observant de plus prêt l’équipe, nous remarquons qu’ils assurent d’abord l’attaque de la largeur avant d’attaquer la profondeur. En fait, à la récupération du ballon, au lieu de rechercher tout de suite M’bolo dans la profondeur, ils ont plutôt eu tendance à jouer en largeur pour étirer la ligne défensive adverse pendant la transition. Ainsi, ils ont pu créer de l’espace pour retrouver des situations de 1 contre 1 dans le couloir et se créer des situations de centre ou de tirs notamment par l’intermédiaire de Ben Seghir ou encore, à l’image du second but où le latéral gauche monégasque, I.Jakobs, n’hésite pas à venir en second rideau attaquer la largeur pour dans un second temps demander en profondeur pour assurer un centre qui permettra de conclure l’action par un but de Camara.

Dans l’action ci-dessous, Monaco attaque la profondeur par l’appel de Mbolo. Cependant, il est marqué par deux défenseurs. Toute la réussite de l’action, réside dans le choix judicieux de Camara de ne pas rechercher tout de suite la profondeur. Il privilégie alors une passe vers Ben Seghir qui va profiter de l’espace à sa disposition pour rentrer dans la surface et tirer. Même si ce dernier aurait pu effectuer un autre choix, notamment trouver Akliouche lancé en profondeur, cette action n’aurait pu aboutir sans l’attaque de la largeur à la récupération du ballon.

Pour le dernier exemple concernant Monaco, nous voyons à nouveau l’impact que peut avoir ce choix avéré à la transition. En jouant dans la largeur, l’équipe adverse va assurer la défense du couloir extérieur et du couloir axial, libérant un espace à l’opposé qui peut être exploité par les joueurs en premier ou en second rideau. Sur l’action suivante, après la récupération, Ben Seghir reçoit le ballon dans un couloir. Sa faculté à éliminer l’adversaire en un contre un et la position de Minamino et Akliouche incite la défense lyonnaise à venir assurer la fermeture des espaces dans cette zone du terrain. L’équipe de Monaco exploite alors l’espace à l’opposé en ayant toujours des joueurs à l’intérieur mais aussi à l’extérieur de la structure adverse.  

D’autres équipes du championnat de Ligue 1 utilisent ce principe d’attaquer la largeur à la transition avant de jouer dans la profondeur. C’est le cas par exemple de Strasbourg ou de l’OM lors de leur match contre Lyon et Toulouse. Nous avons pu ainsi observer comment ces équipes ont exploités les espaces à leur disposition dans la largeur de façon efficace pour retrouver des situations favorables de centre. Lorsque l’équipe joue dans la largeur à la transition, elle ouvre des espaces dans la dernière ligne défensive comme c’est le cas dans l’action de Marseille. Merlin a vu la brèche qui s’est créée entre le latéral et le défenseur central Toulousain et a su profiter, dans son mouvement de démarquage, de l’espace ouvert.

Des équipes européennes adoptent aussi ce choix à la transition. Dans l’exemple du Bayer Leverkusen, après la récupération du ballon dans un couloir, Boniface identifie l’espace en largeur qui existe à l’extérieur du bloc de Bochum. En effet, le défenseur central Masovic est placé plus haut qu’Ordets au moment de la récupération du ballon. Boniface a identifié l’espace en largeur à attaquer entre les deux défenseurs de Bochum. Des lors, il effectue un appel en largeur pour se séparer de son adversaire direct et attaquer l’espace. Dans cette situation, Boniface ne va pas utiliser la largeur maximale mais plutôt la largeur optimale c’est-à-dire celle qui va permettre de donner de la continuité au jeu. Cet ajustement sur la largeur doit à la fois permettre de maintenir une distance de passe optimale avec le porteur tout en assurant un placement idéal par rapport à son adversaire direct. L’attaquant aurait pu prendre un avantage si Andrich avait pu transmettre le ballon sur le pied en avantage de son partenaire.

Pour finir cet article sur l’attaque de la largeur à la transition, nous nous appuierons sur le Bayern Munich version Tuchel qui a su très fréquemment faire la différence en attaquant cette espace en priorité. Il faut bien comprendre que le fait d’assurer l’attaque de la largeur à la transition va étirer la ligne adverse et créer des espaces qui pourront être exploité de différentes façons.

Comme on peut le voir dans le premier exemple, le Bayern joue sur le côté sur Davies qui va ensuite trouver de l’espace dans le couloir central. La défense madrilène est étirée en largeur et cela ouvre un espace suffisant entre Rudiger et Sancho qui laisse le temps nécessaire à Davies pour finir l’action de façon magnifique. Dans l’action de Sané, des espaces s’ouvrent entre les joueurs adverses ce qui lui permet de trouver la profondeur malheureusement mal exploitée par les deux attaquants allemands qui effectuent l’appel dans le même espace.

Enfin, l’action de Gnabri est un exemple de la façon dont l’équipe peut attaquer la largeur à la transition et surtout de l’intelligence dont les joueurs doivent faire preuve dans leurs déplacements. En effet, le premier appel de Gnabri à l’intérieur va inciter le défenseur d’Arsenal à fermer le couloir axial. C’est à ce moment que l’attaquant allemand décide de se démarquer en utilisant la largeur optimale et en effectuant une course contraire à son premier déplacement.

Toutes ces actions en transition s’effectuent de façon très rapide et permettent de profiter de la désorganisation des équipes adverses liée au fait d’assurer l’attaque de la largeur avant d’attaquer la profondeur. De nombreuses équipes l’ont compris et elles n’hésitent pas à organiser leur contre-attaque de cette façon afin de saisir une opportunité de se créer une occasion de but.

Comme nous avons souhaité le montrer dans cette analyse, Les équipes doivent développer un maximum de possibilités dans leur façon d’attaquer.  Les exemples cités montrent que garantir la largeur à la transition offensive peut être une des solutions privilégiées pour gagner le match. Choix avérés ou adaptation par rapport à une configuration momentanée, nous devons donc entraîner nos équipes à être efficace dans ces situations. Elles permettront d’améliorer la dynamique collective et d’apporter à nos joueurs plus d’opportunité de marquer.